« Veuillez ouvrir vos portables et aller chercher le fichier mathématiques » articule une voix métallique au milieu des chuchotements de la classe. L’ordinateur-maître désigne alors sans lever la tête : « Sophie, chaise 4, rang 2, tu viendras me voir après le cours : 2 heures de nettoyage de disque dur pour avoir parlé en classe« .
Ce scénario futuriste n’est pas pour demain : les enseignants régneront toujours en maîtres sur les élèves même si les nouvelles technologies promettent quelques changements. Mais si l’enseignement voit le multimédia conquérir peu à peu toutes ses disciplines, de nombreuses difficultés subsistent encore dans l’informatisation de l’enseignement : équipement, contenu des logiciels, place du multimédia au sein des classes ; les enseignants sont confrontés à des obstacles aussi bien matériels qu’intellectuels, et doivent se former et apprendre comme dans les pyrénées orientales où des formations au référencement et au e-commerce sont lancées début 2021.
Le problème de l’équipement semble paradoxalement le plus simple à résoudre. Depuis la décentralisation, ce sont les collectivités locales qui en ont la charge. Tout comme pour la construction des locaux, les conseils régionaux se chargent des lycées, les conseils généraux des collèges et les mairies des écoles primaires. De nombreux progrès ont été faits au cours des dernières années pour ce qui est de la diffusion du matériel, surtout dans le cycle supérieur. En effet, on compte un micro-ordinateur pour 7 élèves dans les lycées et un pour 17 dans les collèges. Les écoles primaires semblent les laissées pour compte de cette évolution : un seul ordinateur par classe du primaire. Ces chiffres laissent cependant rêveur, il semble que le légendaire retard de la France en matière d’informatique ait enfin été comblé.
Alors qu’en 1997 les petits Allemands et Britanniques bénéficiaient d’un équipement 2 à 3 fois supérieur à celui de la France, celle-ci est aujourd’hui passée au premier rang pour la connexion à l’Internet des collèges et lycées. On devrait parvenir en 2020 à l’objectif de connexion de toutes les écoles.
Une place à conquérir pour les TIC dans la formation
Les collectivités ont ainsi fait de nombreux efforts pour faciliter l’insertion des nouvelles technologies au sein de l’enseignement. Et cette nouvelle réalité d’une école informatisée met au jour de nouvelles questions sur la place que doivent occuper ces médias dans la classe.
S’il est admis par tous que même « intelligent » l’ordinateur ne prendra jamais la place du professeur, plusieurs théories s’affrontent néanmoins sur une éventuelle modification de l’organisation de la classe, comme en témoigne le SEMINAIRE de recherche – action : REFLEXION DIDACTIQUE sur l’évolution de l’enseignement sous l’effet des TICE. Rien n’a fondamentalement changé dans les méthodes d’enseignement depuis que l’école existe et c’est cette absence de bouleversement qui pousse certains à affirmer que cette révolution est à venir. Un médecin du siècle dernier serait incapable d’exercer aujourd’hui son métier « de même qu’un chauffeur de maître aurait besoin d’un sérieux recyclage ». Pourtant, l’école, qui constitue la base de notre société puisque c’est elle qui forge les futurs citoyens, suit, encore aujourd’hui, des principes vieux d’un millénaire ! Les partisans de la mutation considèrent donc les nouvelles technologies comme « le » facteur de changement. Les opportunités qu’elles offrent ne pourront qu’aller vers une réévaluation du rôle de l’enseignant, une réflexion sur le découpage de l’école par classes, par discipline, avec des horaires fixés pour tous.
A ces révolutionnaires – ou visionnaires -, s’opposent ceux qui considèrent que si, justement, l’école est toujours restée fondamentalement la même, c’est qu’on a déjà trouvé la bonne recette, celle qui marche, et ce quelles que soient les transformations que connaît la société. Cela ne signifie pas que ceux-là s’opposent à l’introduction des TIC, ils jugent seulement que l’ordinateur et Internet sont des outils qui peuvent trouver une utilité dans l’enseignement, mais doivent rester au rang d’outils. La différence se fait donc selon que l’on considère ainsi que les TIC sont seulement un outil dans l’acte d’enseigner ou dans l’acte d’apprendre, ou que l’école doit être totalement remodelée.