Le premier aspect positif de l’intégration de ces technologies, c’est qu’elles remettent en cause l’ordre établi, qu’elles obligent chacun à une réflexion autour de l’enseignement, elles conduisent ainsi tout le système éducatif à se poser des questions de méthode. En ce sens, l’ordinateur est bien un outil mis au service de l’enseignement, et quelles que soient les nouveautés qu’il apporte, les avantages qu’il présente, on ne peut le considérer comme une fin en soi. Pourtant cet instrument a le mérite d’éveiller l’attention des enfants, d’être un élément de motivation. Même s’il sert principalement pour l’instant à la recherche documentaire, de nouveaux usages se sont développés autour de ce média, usages qui facilitent l’intégration des matières scolaires dans le quotidien et par leur côté ludique favorisent l’apprentissage. On peut ainsi citer la ressource du CLEMI « Qu’est-ce qu’une info ? » . D’autres enseignants se sont servis des possibilités offertes par la PAO pour transformer de simples exercices d’expression écrite en vrai journal à destination de l’entourage. Projet plus motivant que le simple fait de raconter la récolte de champignons de dimanche dernier.
Un contenu à définir pour les TIC à l’école
Cependant, même si le multimédia n’est considéré que comme un outil, un problème demeure tant du côté des enseignants que des industriels : celui du contenu. De nombreux logiciels voient régulièrement le jour, mais peu sont réellement utilisés au sein des classes. Le ministère y voit le symptôme d’une inadaptation aux programmes existants et à l’usage que les enseignants désirent faire de l’ordinateur. L’Etat a donc décidé d’aider la création de supports éducatifs multimédias. Il a pris de nombreuses mesures dans cette optique.
Tout d’abord par la création de concours nationaux qui aident les enseignants à monter leur propre entreprise pour créer un produit multimédia pour l’éducation en partenariat avec une entreprise spécialisée dans le domaine.
Dans le même but, un incubateur de projets d’entreprises de service et de projets multimédias a été créé à Marseille. Cet incubateur a pour mission fondamentale d’intégrer la dimension économique dans la démarche de développement du multimédia éducatif et culturel en soutenant les projets de création d’entreprise et de développement d’activités dans le secteur d’une industrie de contenus. Il garantit ainsi aux entreprises naissantes qui font appel à lui un local, une aide juridique, etc. D’autre part, pour aider l’industrie du multimédia éducatif, l’Etat a créé un label « reconnu d’utilité pédagogique » décerné par un jury d’experts du monde enseignant, qui a pour but d’offrir une meilleure visibilité au grand public.
Enfin, l’Etat fait des commandes publiques pour les disciplines pour lesquelles les supports multimédias sont particulièrement adaptés : sciences expérimentales, etc. Enfin, au-delà des problèmes de contenu et de place du multimédia dans l’école, les enseignants s’avouent quelque peu décontenancés face à cette modernisation devant laquelle ils ne savent plus très bien quel rôle ils doivent jouer. En effet, ils manquent d’une formation adéquate : les ordinateurs font tout juste leur entrée dans les IUFM et la formation continue n’est pas toujours ni suivie ni très adaptée.
C’est pour cela que de nombreux réseaux destinés spécifiquement aux enseignants se développent : des groupements d’enseignants dialoguant à distance pour partager expériences et idées comme RESCOL, les Clionautes, etc ; mais également des réseaux prévus par l’Education Nationale (Educanet, Educasource) afin de permettre un échange plus régulier entre les enseignants et d’accompagner les innovations : partages d’expériences, mais aussi bases de ressources. Cela dit, la barrière technologique n’est peut-être pas aussi difficile à franchir pour les enseignants que celle psychologique, voire sociale, qu’implique le glissement de leur profession.
En effet, les nouvelles technologies menacent sérieusement, par leur potentiel, le rôle encyclopédique joué par l’enseignant et pourraient amener des mutations profondes du statut d’enseignant, qui deviendrait ainsi le médiateur entre les élèves et un savoir dont il aurait perdu l’exclusive nue-propriété.